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Marie Marot-Six

Le vitrail profane du maître verrier Marie Marot-Six, c’est sacré


Dans la catégorie Presse

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samedi 21.08.2010, La Voix du Nord

Quel nom porte ce curieux métier ? « Il existe plusieurs termes : je trouve « maître verrier » un peu pompeux et « vitrailliste » galvaudé. Appelez-moi peintre verrier, tout simplement », dit la créatrice, amusée. Marie Marot-Six est installée en tant qu’artiste libre depuis 1991. Elle conçoit et produit des vitraux, dont elle enseigne la création aux étudiants de l’École des métiers d’arts, à Arras. PAR CLAIRE ROBIN

Quand elle n’est pas face aux pupitres, l’artiste grimpe dans les mansardes de sa jolie maison armentiéroise. C’est là, dans les combles, qu’elle a installé son atelier. Quelques mètres carrés seulement, mais tout un terrain d’explorations. « Mes travaux se basent sur l’expérimentation. Être artiste, c’est avant tout être chercheur. » Pour Marie Marot-Six, pas question de se cantonner aux vitraux « néo-art nouveau ». Le ringard vitrail fleuri, « vulgaire et trop bavard », très peu pour elle.

Depuis quelques années, elle travaille la méthode du fusing, qui consiste à fusionner des plaques de verre superposées et chauffées à 800 degrés. Entre ses mains prennent vie des motifs, souvent abstraits, créés selon une dualité très personnelle, palpable dans tous ses travaux. Aussi vrai que le rythme contraste avec le silence, celui du mouvement s’oppose au calme. « J’aime travailler cette ambivalence, qui vient sans doute des qualités contradictoires du verre, à la fois matière fragile et résistant à toute épreuve. »

Du vitrail profane ? Marie Marot-Six n’a pas peur de le revendiquer : « On peut avoir le sens du sacré sans être croyant. » Dans un pays qui compte « plus de la moitié du patrimoine mondial du vitrail », l’artiste prône un dépoussiérage de l’art ancestral, concevant des vitraux sans qu’ils aient de vocation didactique. Sacrilège ? Non : l’artiste aime juste l’évocation, la poésie graphique, le jaune d’argent et le rouge cuivre. Pas le figuratif, le narratif, le criard.

Un art appliqué

L’artiste se perdrait-elle dans le tout-conceptuel ? Bien sûr que non, car elle considère que le vitrail, c’est avant tout de l’art appliqué : « J’assure à la fois la création et le savoir-faire. » Aux artistes qui pensent « l’artisanat, quelle horreur », la créatrice répond qu’elle ne peut dissocier l’idée de la réalisation. Cette double compétence (artistique et technique), Marie Marot-Six la met notamment au service de particuliers, nombreux à lui passer commande de « vitraux civils ». Lorsqu’elle cerne leur envie, elle s’installe à son atelier. Réalise une maquette à l’échelle 1/10e, puis un carton grandeur nature qu’elle découpe en calibres. Lesquels équivalent à une parcelle de vitrail.

Le verre est de provenances variées : il peut être antique et soufflé à la bouche, tout comme avoir été acheté en miroiteries industrielles. La peinture, puis la cuisson effectuées (son four à céramique varie de 580 à 630 degrés), Marie Marot-Six peut assembler les pièces… Ce doit être à ce moment qu’elle éteint, le souffle retenu, la musique qui l’accompagnait jusque-là, du classique, du tango. Les bras allongés vers le jour, elle regarde son vitrail que la lumière traverse. Elle tend son verre vers le ciel et son atelier, soudain, devient joli comme une petite église.