Naissance d’une passion
Attirée très jeune par le métier de mon père, Maître verrier, j’entre dans l’atelier familial à l’âge de vingt ans tout en poursuivant mes cours aux beaux arts de Lille en section gravure.
Au fil des années, j’apprends toutes les facettes du métier en participant aux différentes tâches de l’atelier. C’est le temps de mes premières créations, je visite la France entière à la découverte du vitrail : verrières médiévales, perspectives de la renaissance ou panneaux contemporains … J’aiguise mon regard et développe mon sens critique.
En 1991, je décide de créer mon propre atelier, en marge de l’entreprise familiale.
L’opportunité d’ouvrir un atelier de formation se présente en 1997 à l’école supérieure des métiers d’art d’Arras. J’en conçois l’implantation et le programme pédagogique, j’y enseignerai le vitrail avec bonheur durant 14 ans.
Travail et recherches à l’atelier
Mon activité se partage entre deux approches complémentaires: Une approche personnelle de recherche et un travail de réalisation à la commande.
- ■ L’approche personnelle
Mes recherches sont libres de toutes contraintes, elles correspondent à un besoin d’expression artistique et à la nécessité d’expérimenter avec le verre et la lumière. Je travaille en général par thèmes que je décline.
● Rythme et silence, une dualité très personnelle exprimée par des motifs abstraits, des jeux de lignes et de modulations de lumière. Le rythme contraste avec le silence, le mouvement avec la tranquillité, la lumière avec son contraire.
● Les paysages de Belle île où j’ai séjourné ont suscité des impressions telles que j’ai voulu les transcrire dans le verre. Les jeux de rythme et d’opacité opposés à la lumière évoquent les contrastes forts entre la fluidité, la légèreté de l’eau et la masse solide des rochers.
Les procédés sont souvent expérimentaux, je fabrique les modules de mes dalles à partir de verre plat, j’associe plusieurs matériaux au verre : la céramique et le métal, le bois.
Les techniques traditionnelles, sans les renier, je les confronte souvent à des procédés plus contemporains.
Les thèmes que je développe transcrivent des impressions à travers une poésie graphique, un jeu de vibrations de lumière et un souci de l’épure.
Je ne cherche pas à illustrer un sujet, j’espère susciter de l’émotion.
En cela je m’oppose aux vitraux criards et trop bavards que je n’apprécie guère.
- ■ Le travail à la commande
Tout commence toujours par des rencontres. Un climat de confiance s’instaure, je dois comprendre les attentes et y répondre avec ma sensibilité.
Toutes les réalisations correspondent à des situations différentes, car il faut tenir compte de l’orientation, de l’affectation du lieu, des besoins en lumière…
J’aime ces contraintes car le vitrail est un complément architectural, un élément actif de l’espace. La lumière filtrée doit être traitée avec justesse, on ne crée pas un vitrail comme un tableau qui pourrait être placé ici ou là.
« Dans une véranda plein sud, il faut atténuer la lumière, je privilégie le bleu ami de l’ombre. »
« A l’ouest, sur une porte d’entrée, on exaltera la lumière par les jaunes d’argent joyeux et accueillants. »
« Sur un palier à l’origine aveugle je fais pénétrer la lumière généreusement avec des motifs légers. »
« Dans un couloir, j’accompagne la circulation par une composition en mouvements latéraux et un rythme coloré dynamique. »
Toutes les réalisations seront validées sur maquettes et prototypes par les commanditaires.
Vient alors le travail technique à l’atelier et c’est au moment de la pose que l’on découvre la vraie vocation du vitrail : transformer l’espace en apportant chaleur, poésie, rythme ou douceur à travers le verre et la lumière !